«Féminité 2", dessin à la sanguine sur papier créé à partir d’un modèle vivant, m’évoque avec délice les séances de dessin avec modèles vivants dans les Ateliers Beaux Arts de la Ville de Paris.
Le premier jour dans l'atelier de dessin, j'ai senti un vent de panique m'envahir.
Alors que je me sentais à ma place dans les ateliers de modelage de l'argile avec modèles vivants, portée par un mouvement naturel, calme et serein, guidée par une énergie qui partait du modèle pour entrer dans la terre en traversant mon corps, dessiner rapidement un corps vivant qui pouvait à tout instant changer de posture me paraissait tout simplement être hors de ma portée.
Le temps de pose et de création pour la sculpture n'était pas celui du dessin, qui demandait de l'agilité, de l'ardeur, de la précision et une concentration intense.
J'avais toujours adoré dessiner, depuis mon enfance, d'après des tableaux de Maîtres ou des photographies, en prenant mon temps et en m'appliquant. C'était à chaque fois un processus long et cérébral, une création méthodique qui visait à reproduire un modèle existant. Et dans ma perception, le corps humain représentait LA difficulté majeure, l'impossible but à atteindre.
Alors comment faire pour dessiner vite, en transmettant l'essentiel, en saisissant la vie en quelques instants?
Les premières minutes dans l'atelier de dessin m'ont imposé de prendre une décision : soit je partais, immédiatement, soit je me lançais, avec mes peurs, mes doutes et mon inexpérience, dans une aventure nouvelle, riche en sensations et en adrénaline.
J'ai décidé de rester et quelque chose s'est "débloqué".
D'ailleurs, lors de cette première séance, le professeur de dessin m'a dit en regardant mes esquisses : "Il y a quelque chose".
"Qu'y a-t-il exactement?" me suis-je demandé. Je lui ai également posé la question directement mais je n'ai jamais eu la réponse. Peut-être est-ce sans importance de "savoir"?
Lorsque le chef d'atelier s'est approché de mon chevalet, il m'a regardée travailler en silence puis il m'a dit "On voit que vous avez déjà fait du dessin de nu d'après modèle vivant".
Ne sachant que répondre à cette affirmation, je suis restée silencieuse, soulagée d'avoir miraculeusement relevé mon défi en restant dans l'atelier malgré mon désir de fuir la difficulté.
Les jours suivants, j'ai poursuivi mon exploration et ce fut à chaque fois différent, toujours passionnant et jamais acquis.
Le modèle vivant nous confronte à une difficulté permanente qui de temps en temps s'estompe pour laisser briller une forme de grâce, quand le bâton de sanguine vient danser spontanément sur le papier pour donner vie à une émotion, un instant de douceur, sensible et sensuel, presque vivant.
Quand je regarde "Féminité 2", je me souviens de ma quête de saisir une forme de vérité et j'ai l'impression d'apercevoir "quelque chose". Un reflet de moi-même?
Alexandra Fadin
3 janvier 2023
"Féminité 2"
Dessin à la sanguine sur papier
Oeuvre originale
Pièce unique
Dimensions : 40 x 50 cm
© Alexandra Fadin
Célébration de 20 années de créations artistiques 2003-2023
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www.alexandra-fadin.fr
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